samedi 29 novembre 2014

Interview - les pensées de Vladimir Poutine

Grande interview de Vladimir Poutine

24-11-2014 

À propos du fait que les ennemis n’auront pas le plaisir d’apprendre de mauvaises nouvelles sur la santé du président russe, à propos de la cinquième colonne, des manigances autour du prix du pétrole et bien d’autres choses dont Vladimir Poutine a parlé dans le cadre d’un projet spécial de TASS "Premières personnes". Nous publions une synthèse des points clés de la conversation et de la vidéo.



À propos de la cote de popularité. (...) Si on se fait une obsession de ces chiffres, il serait impossible de travailler. La pire des choses – c’est devenir l’otage des pensées permanentes sur la cote de popularité. Dès que vous commencez à agir ainsi, vous perdez immédiatement. Au lieu de vous consacrer à une cause réelle, d’aller de l’avant sans craindre de faire un faux pas, vous cessez de faire quelque chose dans le souci de votre cote. Et vous chutez aussitôt.

Inversement, si vous pensez à l’essentiel, aux résultats et aux intérêts des gens, alors, même l’erreur n’est pas si terrible. Vous pouvez en parler directement, et reconnaître vos erreurs. Et, vous savez, cela n’aura pas d’impact particulier sur la cote, les gens vont parfaitement comprendre les véritables intentions, la franchise et l’honnêteté, et surtout, le dialogue franc.

À propos de l’amour pour la Patrie. J’ai déjà dit que je me sens comme une partie de la Russie. Non seulement je l’aime – probablement tout le monde peut s’exprimer à propos de l’amour pour la Patrie, nous l’aimons tous – mais je me sens vraiment comme une partie du peuple et je ne peux imaginer une seconde comment vivre en dehors de la Russie.

À propos des opposants. Il est impossible de transformer tout le monde en alliés, il ne faut pas essayer. Au contraire, c’est très bien quand il y en a qui doutent ! Mais ils devraient proposer des solutions constructives. Alors quand on a affaire à de tels opposants, ils sont très utiles. Mais il y en a d’autres qui prônent "la politique du pire". Hélas, cela est également inévitable.

Vous savez, dès que l’État s’affaiblit sur des paramètres clés, aussitôt apparaissent des forces centrifuges qui le dépècent. C’est comme dans le corps : il suffit que le système immunitaire fléchisse un peu – et voilà la grippe. Ils sont à l’intérieur ces virus, ces bactéries ils y sont tout le temps. Mais quand le corps est solide, avec votre immunité vous inhibez toujours la grippe. Il faut faire du sport !

À propos des agents étrangers. Aucun État se respectant ne permet que l’argent étranger soit utilisé à l’intérieur du pays pour une lutte politique. Essayez de le faire quelque part aux États-Unis – vous vous retrouverez tout de suite derrière les barreaux. Là-bas, les organismes d’État sont beaucoup plus sévères que chez nous. En apparence, tout est décent, démocratique, mais dès qu’on en vient réellement à ces positions – vous n’aurez aucune chance !

Nous ne pouvons pas créer des conditions pour que les pays étrangers nous rendent plus faibles, qu’ils nous soumettent à leur propre volonté et qu’ils espèrent de faire pression de l’intérieur, en influençant notre politique à leur avantage.
On a fait pression sur nous – et nous sommes d’accord pour la Syrie, pour le programme nucléaire iranien, pour le règlement des problèmes du Proche-Orient, nous avons même réduit les programmes de notre propre politique de défense.
C’est pour cela que ces outils et l’argent sont utilisés...

À propos de la télévision. Sommes-nous un pays où les chaînes fédérales devraient exclusivement faire de l’argent et de réfléchir au prix de la minute de temps publicitaire, donc du matin au soir, il faut tourner des soi-disant "défectives" ? (contraction de "détective-défectif" – NDT)

Et tout ce qui est positif, éducatif, donnant les normes de la perception fondamentale, philosophique et esthétique du monde, les montrer uniquement sur la chaîne "Culture" ? Probablement que non, n’est-ce pas ?

À propos de la monarchie. Chez nous, heureusement ou malheureusement, je ne vais pas maintenant donner d’avis, cette étape est terminée, la page de la monarchie est tournée dans l’histoire du pays.

À propos des plans pour 2018. Oui, il y a une possibilité de ma nouvelle candidature. La Constitution le permet, mais cela ne signifie pas automatiquement que je prendrai une telle décision. Je partirai du contexte général, de la compréhension interne, de mon état d’esprit. Est-ce que cette occasion de se présenter sera réalisée, je ne sais pas encore.

À propos des monuments à Poutine. Il est encore trop tôt pour s’ériger des monuments les uns aux autres. J’entends parler également de moi. Nous devons encore travailler, et les générations futures apprécieront la contribution de chacun au développement de la Russie.

À propos des relations avec l’Occident. Dès que la Russie se relève, se renforce et revendique le droit de défendre ses intérêts à l’extérieur, l’attitude envers l’État lui-même et ses dirigeants changent aussitôt. Rappelez-vous ce qui est arrivé à Boris Nikolaïevitch (Eltsine, NDT).

À la première étape, dans le monde, on réagissait bien à tout. Quoi qu’Eltsine fasse, l’Occident accueillait tout en applaudissant. Dès qu’il a élevé sa voix pour la défense de la Yougoslavie, à l’instant même, il s’est transformé aux yeux des Occidentaux en un alcoolique, en homme disparate. Tout à coup, le monde entier a appris que Boris Nikolaïevitch avait un petit faible pour la boisson.

Est-ce qu’avant c’était un secret ? Non, mais cela n’a pas empêché ses contacts avec le monde extérieur. Dès qu’il en est venu à la défense des intérêts russes dans les Balkans, dont Eltsine a parlé sans ambiguïté, il est devenu presque l’ennemi de l’Occident. C’est la réalité, cela s’est produit très récemment.

À propos des doubles standards. Aujourd’hui, nous parlons des événements en Ukraine, et nos partenaires répètent sans cesse de la nécessité de respecter l’intégrité territoriale du pays. Ils prétendent que tous ceux qui se battent pour leurs droits et intérêts dans l’est de l’Ukraine – ce sont des séparatistes prorusses.

Et ceux qui combattaient contre nous dans le Caucase, y compris sous la direction d’"Al-Qaïda", à ses frais et avec ses armes, et même les membres d’"Al-Qaïda" qui participaient directement aux hostilités, ceux-là étaient des militants de la démocratie. C’est incroyable, mais c’est un fait !
À cette époque, on nous parlait de l’usage disproportionné de la force. À ce qu’on dit, comment est-ce possible que vous tiriez avec des chars, utilisiez de l’artillerie. C’est défendu, c’est défendu !

Et en Ukraine ? Et les avions, les chars et l’artillerie lourde et les lance-roquettes multiples. Et en plus, les bombes à fragmentation, et – cela vous rend fou ! – les missiles balistiques !
Et dans ce cas, tout le monde est silencieux à propos d’un usage disproportionné de la force.
À propos des Ukrainiens. Bien sûr que le peuple ukrainien a sa culture propre, sa langue, sa singularité, une sonorité unique et, à mon avis, merveilleuse, très belle. Très récemment, un collègue m’a montré des documents de 1924. Il était marqué dans un passeport "citoyen de la Grande Russie". Et les Ukrainiens d’aujourd’hui sont inscrits comme "citoyen de la Petite Russie". Il n’y avait même pas de différence, en fait !

On nous dit : pourquoi vous mettez toujours en avant l’idée du monde russe, peut-être que les gens ne veulent pas vivre dans votre monde ? Mais personne ne l’impose. Cependant, cela ne signifie pas qu’il n’existe pas !

Quand je parle avec les gens de la Crimée, par exemple, ou bien même, de l’Ukraine, je demande : « Quelle est votre nationalité ? » Certains disent : « Nous ne faisons même pas de différence ». Mais, si la Russie commence à en parler, à protéger les gens et leurs intérêts, tout de suite elle devient mauvaise. Pensez-vous qu’il s’agit de notre position sur l’Est de l’Ukraine ou de la Crimée ? Absolument pas ! Si ce n’était pas cela, on aurait trouvé une autre raison. Et il en a toujours été ainsi.

À propos de la géopolitique. Regardez notre histoire millénaire. Dès qu’on se relève, aussitôt il est nécessaire de pousser la Russie, la remettre à sa place, la ralentir. La théorie de la dissuasion, depuis combien d’années existe-t-elle ? Il semble qu’elle est apparue à l’époque soviétique, bien qu’elle ait des centaines d’années. Mais nous ne devons pas augmenter la pression ni dramatiser. Il faut comprendre : le monde est ainsi fait. C’est une lutte pour les intérêts géopolitiques, et derrière eux – il y a l’importance du pays et sa capacité de générer une nouvelle économie, de résoudre les problèmes sociaux et d’améliorer le niveau de vie des citoyens.

À propos de la compétition avec l’Occident. Nous n’avons pas besoin de rivaliser. Nous n’avons tout simplement pas besoin de rivaliser ! Il faut calmement réaliser son ordre du jour...

(...) Ceux qui tentent de rivaliser avec nous sont à contresens. Nous sommes dans notre file et à une vitesse définie... Si tout est fait correctement, on n’aura pas besoin de s’agiter.

À propos de l’économie et des sanctions. La Russie a sa propre base pour substituer les importations. Dieu merci, nous avons beaucoup hérité des générations précédentes, et au cours de la dernière décennie et demie, nous avons fait beaucoup pour moderniser l’industrie. Est-ce que les sanctions nous infligent des dommages ? En partie. Mais pas fatals.

Si la baisse des prix des ressources énergétiques se fait délibérément, elle frappe également ceux qui introduisent ces restrictions.

Le monde moderne est interdépendant. Et il n’est pas dit que les sanctions, la forte baisse des prix du pétrole, la dépréciation de la monnaie nationale mèneront à des résultats négatifs ou à des conséquences catastrophiques exclusivement pour nous. Rien de tel n’arrivera !

À propos de la corruption et de la privatisation. Je pense que c’est l’un des problèmes les plus importants que nous avons hérité du passé. Lorsque l’administration de tous les niveaux pensait qu’elle pouvait tout faire, en ayant le droit de le faire, et que personne n’était libre d’empiéter sur son autorité et de la contrôler de quelque façon qui soit. Puis il s’est ajouté un fait qui a empiré les choses – la privatisation opaque. C’était horrible, une énorme erreur ! Avec le recul, nous sommes tous intelligents. Peut-être que ceux qui avaient pris la décision à l’époque, maintenant, auraient agi autrement. Par ailleurs, même dans les années 90, les Européens disaient : il ne faut pas écouter les experts américains. Mais nous avons choisi cette voie...

La privatisation opaque a conduit au fait que les gens pensaient : bon, si les uns peuvent voler des milliards à l’État, alors, pourquoi ne pouvons-nous pas voler quelque chose de moins coûteux ? Pourquoi aux uns c’est permis, mais pas aux autres ?!

À propos de la lutte contre la corruption. Pour ce faire, d’ailleurs, sur la plate-forme du Front populaire russe, nous avons créé le contrôle social. Il est fort efficace.

À propos des "amis de Poutine". Les Américains ont commis une erreur système et c’est très agréable pour moi... Ils se sont basés sur une fausse prémisse, que j’ai des intérêts commerciaux personnels en raison des relations avec les personnes portées sur la liste. En les lésant, c’était comme si les Américains m’assenaient un coup. Cela ne correspond absolument pas à la réalité.

Je pense que nous avons mis dans une large mesure un terme à ladite oligarchie. Après tout, qu’est-ce que c’est ? L’argent qui influence le pouvoir. En Russie, je peux vous le dire avec certitude, il n’y a pas de telle situation.

À propos de la "révolte sur le navire" (...) On dit : « Voilà, ce sont les amis de Poutine, il faut les punir, ils vont se soulever, il y aura une révolte sur le navire ». Rien de tout cela n’arrivera.

(...) Nous avons un pays consolidé. Malgré l’existence d’une opposition naturelle, des gens qui n’acceptent pas ce que nous faisons, la société est consolidée. Je vous assure que cela déplait fortement à l’Occident. Et la tentative de punir mes amis, que je ne compte pas abandonner, est dictée par le désir de déchirer les élites, et puis, probablement, la société.

À propos de ses filles. Elles vivent à Moscou. Nous nous rencontrons à la maison.

À propos des camarades de classe. J’essaie de rester en contact avec les camarades de ma promotion d’université... Ce sont des gens ordinaires. Pour la plupart, travaillant dans les services d’ordre, au ministère de l’Intérieur, au ministère public, aux barreaux, à l’administration publique.

À propos du style de communication avec les gens. J’essaie de m’appuyer sur la perception personnelle, pour moi le contact direct et la communication sont très importants. Et souvent, ma perception est en contradiction avec ce que je reçois sous forme de documents officiels. Je me base sur mes propres impressions de la personne, et non pas sur les papiers.

À propos de la solitude. Malgré tout, je ne me sens pas seul. Même si cela semble étrange. Je n’ai peut-être pas beaucoup de relations et de contacts, même avec des gens qui sont considérés comme mes amis, et qui sont sous les sanctions. C’est vrai.

Mais la solitude, à mon avis, c’est autre chose, ce n’est pas le manque de possibilités de rentrer en contact avec les autres, mais c’est un état d’esprit. Et moi, je n’ai pas ce sentiment de solitude dans mon cœur.

À propos des gens avec leur propre opinion. Il y a des gens indépendants, avec leur propre avis. Je les apprécie, ils peuvent dire : « Je pense que vous avez tort, Vladimir Vladimirovitch ».

À propos d’où est la force. La force est dans la vérité. 
Quand l’homme russe sent son équité, il est invincible.
 Je le dis en toute sincérité, et non pas pour le plaisir de dire un bon mot.

Maintenant, si nous avions senti que quelque part, nous avions, excusez-moi, "em-merdé", que nous avions agi injustement, alors, tout chez nous serait suspendu à un fil. Lorsqu’il n’y a pas d’intime conviction de la justesse, cela conduit toujours à des flottements, et ils sont dangereux.

À propos de la natalité. Les collègues du Bloc Libéral de l’économie de marché nous disaient : « En aucun cas, il ne faut faire passer le programme du "Capital Maternel" (une forme de soutien aux familles élevant deux enfants et plus qui a beaucoup contribué à la croissance de la natalité en Russie ; la mesure introduite par M. Poutine en 2007, le montant de l’Aide aux familles était de 250 000 roubles [équivalent de 7 200 €], en 2014, il s’élève à 450 000 roubles [équivalent de 8 500 €] !!!, on ne comprend toujours pas pourquoi les Russes font confiance à leur "dictateur" – NDT) ». On a essayé de me persuader personnellement de nombreuses fois : « C’est comme jeter l’argent dans "un trou noir". Impossible de compter ! » Et, ils disaient qu’il n’aurait pas de résultat. Le programme ne simulerait pas le taux de natalité dans le pays.

Ils citaient les exemples de certains pays occidentaux, où on paye d’importantes allocations familiales pour la naissance d’un enfant, mais tout y est inutile. J’ai écouté les arguments "pour" et "contre", et puis je suis venu à la conclusion que nous avons une situation différente.

Nous devons donner à notre peuple un autre horizon de la planification de la famille. En Europe, la vie est qualitativement différente. En Russie, l’un des obstacles à la croissance de la natalité, à l’époque, était un est très faible niveau de revenu, la famille ne pouvait pas se permettre d’avoir un enfant, et encore moins deux.

Et pour nous, c’est très important, surtout en province. Il y avait des préoccupations de savoir si le budget pouvait faire face aux nouveaux payements, si on ne trompait pas les gens ? Non, et nous ne trompons pas, et nous nous assumons. Avec d’autres mesures de soutien, tout a fonctionné ! En Russie, il n’y avait pas une telle natalité depuis les dernières décennies ! (M. Poutine a réduit le déclin de la population russe de 1,5 million par an en 1999 à 21 000 en 2011, soit de 71,5 fois en 12 ans, NDT, lien).

À propos du "rideau de fer". Nous comprenons la nuisance du rideau de fer pour nous. Et dans l’histoire, d’autres nations ont eu des périodes où les pays ont tenté de s’isoler du reste du monde, en payant un prix très cher pour cela. Presque la dégradation et l’effondrement. En aucun cas, nous n’emprunterons ce chemin. Et, autour de nous, personne ne construira un mur. C’est impossible !

À propos du mode sain de vie. (...) Je fais régulièrement du sport. Le travail nécessite, dans une grande mesure, à la fois l’énergie, la force et l’activité motrice.

À propos des Cieux. Si vous vous trouvez vraiment là, il y a une phrase qu’il est approprié de prononcer : « Dieu merci ! » Sinon, comment dire autrement ?

Source : RUPOSTERS

Selon les matériaux des médias préparés par
Tatiana Dobrodeeva.
Agence centrale d’information de Novorussie
Novorus.info


Source : novorus.info-news : Большое интервью Владимира Путина
Traduction : GalCha

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